Quatrième action du collectif Y a pas d’arrangement, samedi 14 mai, à Toulouse. Les rendez-vous étaient fixés à 14h aux arrêts de métro Jean-Jaurès, Palais de Justice et Saint-Michel. A Aparté, on avait lancé les paris sur une occupation du casino Barrière, mais l’opération « Champagne ! » visait en réalité le magasin Fnac à Jean-Jaurès.
Nikon le système – Photo Philémon Barbier
13h45. Une demi-douzaine de camions de gendarmerie stationne autour de la place Wilson. Sur les allées Franklin Roosevelt, devant la bouche de métro Jean-Jaurès, quelques badauds semblent attendre tranquillement. Chose bizarre, les grilles du cinéma UGC sont baissées. « Fermeture exceptionnelle » peut-on lire sur les feuilles à l’entrée.
14h01. Un attroupement commence à se former devant le métro. Des gendarmes mobiles arrivent et décident de procéder à une petite fouille des sacs à dos : pulls, foulards, porte-feuilles (rien de plus banal) côtoient des bouteilles de champagne et sacs de confettis.
Et maintenant, on fait quoi ? – Photo Marie Desrumaux
14h10. On attend le top départ vers le métro. D’habitude, le collectif « Y a pas d’arrangement » (DAL + Nuit Debout + CIP + Attac + Patron solidaire + Lycéens & étudiants + Guests) fixe publiquement rendez-vous devant une station pour ensuite emmener l’ensemble groupe dans un lieu seulement connu de quelques-uns. C’était le cas pour l’occupation d’une agence bancaire BNP Paribas, la prise du McDo au Capitole, et les visites de la maison de la citoyenneté et du local de la députée Martine Martinel.
14h15. Des rumeurs se répandent : il n’y a personne à Saint-Michel et Palais de Justice, tout le monde semble converger vers Jean-Jaurès. Quelqu’un annonce au mégaphone qu’il va falloir courir à la fin du décompte et suivre les leaders. « 1..2…3.. », c’est la ruée vers l’entrée de la Fnac. Les vigiles sont rapidement submergés par la vague, mais les gendarmes mobiles postés un peu plus loin arrivent presque immédiatement en renfort et se déploient devant les accès du magasin. Grosse déception du côté des participants restés dans la rue.
« Chef, ya -50% sur la go-pro » -« Ok on bloque tout » – Photo Marie Desrumaux
14h30. On fait le tour du bloc d’immeubles. Les dirigeants de la Fnac discutent avec les CRS devant la sortie de secours donnant sur le boulevard d’Arcole. A l’arrière du bâtiment, un vigile peu loquace exfiltre des clients surpris et un peu hébétés du magasin.
Pendant ce temps, à l’intérieur, les occupants de la Fnac fêtent leur succès. Des communiqués sont distribués. Petit problème, quelqu’un semble avoir oublié la prise jack. Heureusement qu’il s’agit d’un magasin d’électronique, reste plus qu’à faire son marché et passer à la caisse. Le Champomy et le champagne sont débouchés, ça danse sur « Sapés comme jamais« et « Barbie girl« . Tout ce petit monde est resté dans l’entrée, au niveau des présentoirs des nouveautés, pour éviter des dégâts matériels qui peuvent coûter très cher.
Et pas plus haut que le verre hein (l’abus de Ruinard est dangereux pour la santé, vous le savez) – Photo Marie Desrumaux
15h. A l’extérieur, la foule reste massée devant le métro, à attendre que les choses se passent, ou à savourer sa flûte de champagne. Des passant s’interrogent, certains sont freinés dans leurs emplettes, d’autres se demandent à quoi peut servir une opération de ce genre. Le petit train de la ville se fraye un chemin dans la masse, les touristes dégainent les appareils photos et les smartphones pour immortaliser la grappe de gendarmes campée devant la Fnac.
Sur votre droite, une manif’ #Toulouse #manif #yapasdarrangement pic.twitter.com/J7qjk1JUfF
— Pierre Collas (@PierreCollas) 14 mai 2016
15h15. La commissaire a négocié, les manifestants ont promis de sortir du magasin au bout d’une heure. D’après les on-dit, le directeur a demandé que les forces de l’ordre n’interviennent pas. Ça sent la fin.
Photocall à la sortie – Photo Marie Desrumaux
15h30. Chose promise, chose due, les occupants sortent sous les acclamations, dans les nuages de confettis… en faisant la chenille. « Valls, Macon, démission », scandent-ils. Un petit tour de piste sur les allées, puis un des leaders dresse le bilan de la journée au mégaphone, bientôt interrompu par une femme faisant entendre son opposition à l’opération. Elle-même huée par la foule, elle se fait gentiment pousser en dehors du groupe.
Tout le monde s’éclate, à la queu-leu-leu – Photo Philémon Barbier
16h10. La foule se disperse. L’action s’est déroulée dans la sérénité et la bonne humeur, en moins de deux heures. Devant la Fnac, des dizaines de clients potentiels font déjà la queue, s’étonnant de voir le magasin fermé et un tapis de confettis sous leurs pieds.