Pour la troisième manif’ en trois jours contre la loi travail, on a assisté à un best-of de ce qu’on a vu depuis le début de la contestation il y a maintenant plusieurs semaines. Pacifisme, musique, sit-in et manif’ sauvage qui finit mal ont composé cette journée ensoleillée.
Tous ensemble, ouais ouais – Photo Philémon Barbier
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Depuis la mention de l’utilisation du désormais célèbre « 49-3 » par le gouvernement mardi 10 mai, la contestation s’est renforcée, ou en tout cas est désormais plus axée vers l’action. C’était le cas mardi soir avec deux manifs’ sauvages saupoudrées de lacrymos et de blessés, et mercredi, avec la troisième action du collectif « y’a pas d’arrangement » qui s’est déroulée sans altercation mais avec quatre interpellations.
(Allez, allez, l’aviron) bâillonné – Photo Philémon Barbier
Libération
Jeudi 12 mai, la manifestation toulousaine n’a pas eu l’affluence qu’on aurait pu attendre après le tollé du gouvernement sur l’utilisation du 49-3. Quelques milliers de personnes se sont rassemblées pour défiler de François Verdier à Arnaud Bernard, entre 3 000 (police) et 10 000 (syndicats), bien moins que les grandes manifestations précédentes (celle du 31 mars notamment).
La marche de l’empereur – Photo Philémon Barbier
La manif’ officielle terminée, environ mille participants se sont rassemblés devant le commissariat central afin de réclamer la libération des quatre interpellés de la veille. Une délégation est reçue dans le bâtiment pendant qu’un sit-in est organisé devant les portes. Les discours se succèdent au mégaphone, l’ambiance est bon enfant sous un soleil de plomb. La délégation finit par ressortir de l’hôtel de police accompagnée des quatre interpellés de la veille désormais libérés, le tout sous les hourras de la foule.
Marche tout droit
Tout ce beau monde repart en cortège le long du canal du midi en direction de la gare. L’objectif est inconnu, on entend d’abord que la destination est le palais de justice, puis finalement le Capitole. Mais comme toute manif’ (qui plus est lorsqu’elle est sauvage) l’accès à l’hyper-centre n’est pas envisagé par les autorités qui bloquent tous les accès en direction du Capitole à partir des boulevards. « En nous empêchant d’aller au Capitole, le pouvoir crée une situation de conflit » explique un manifestant.
Ambiance sonore dans la manif’ du 12 mai – Prise de son : Pierre Collas
Retour à François Verdier d’où la manif’ était partie initialement. Les forces de l’ordre ayant déjà reçu quelques projectiles lors d’un instant de flottement devant la gare, la tension est palpable. L’étincelle viendra de la tentative de l’avant-garde du cortège de rejoindre la Halle aux grains, immédiatement réprimandée par la police à grands coups de grenades lacrymogènes et d’une grenade de désencerclement (plusieurs?). Après quelques affrontements avec des manifestants, le reste de la manif’ se retrouve autour du monument aux morts de François Verdier. Un moment de calme plus tard, c’est reparti : l’espace devant le monument aux morts est couvert de gaz, il y aurait même eu de la lacrymo et des échauffourées jusque dans la station de métro François Verdier.
Feux follets – Photo Philémon Barbier
La situation est donc très tendue et violente. La plupart des manifestants ont déjà abandonné la partie. Le jeu du chat et de la souris continue encore quelques temps sur les allées Jules Guesdes et rue Riquet avant de totalement s’estomper. Vers 17h, le quartier retrouve son calme avec une forte présence policière et de gros embouteillages. Bilan de la journée : quatre libérations, neuf interpellations et pas mal de frayeur.