Oui oui on sait : les iPhone se fissurent, les fixies déraillent et les vinyles grésillent… la hipsteritude se meurt et fait place aux yuccies. Pourtant, à Toulouse, la tendance semble avoir encore de beaux jours devant elle ! Des concept stores aux bars à cocktails, la ville rose regorge d’espaces dédiés aux besoins de nos amis barbus*. Liste non exhaustive et farcie de clichés.
Pas cher, pas cher © Smooth Photographie
Pour se laver : Lush
Contrairement au hippie dont il imite la pilosité, le hipster a une hygiène irréprochable. Mais attention : pas question de s’abîmer la peau, les cheveux ou pire encore la barbe avec des produits chimiques ! Le hipster préfère se procurer du shampoing solide saveur coquelicot et du gel douche à 25 balles chez un producteur local la chaîne de cosmétiques vegan et faits main Lush. C’est beau, c’est bio, ça sent bon, et en plus le personnel est de bon conseil.
Lush – 15 rue St Antoine du T
Pour se vêtir : American Apparel
Les fripes et le vintage c’est rigolo, mais bon faut pas pousser. Le manteau de fourrure fait bien plus sensation s’il accompagne une robe dos-nus en velours. Non vraiment, la rue Cujas c’est super pour s’accessoiriser mais rien n’égalera jamais le bon vieux sweet à capuche d’American Apparel. Indémodable on vous dit ! En plus tout existe en plein de couleurs donc aucune chance d’être habillé exactement comme tous vos potes. Et puis cerise sur le carrot cake c’est une bonne action puisque la marque s’engage à payer ses employés 50 fois plus que ses concurrents, et même à protéger la planète.
American Apparel – place de la Bourse
Le pull super original © Smooth Photographie
Pour se déplacer : Monsieur Pignon Madame Guidon
Le métro ? Le tram ? Le bus ? Pour quoi faire ? Le hipster habite dans l’hyper-centre et n’a aucune raison d’en sortir. Il lui arrive parfois de sauter dans un train pour aller passer quelques jours chez sa famille dans le Lot. L’air pur, le retour aux sources, tout ça. Mais dans la vie de tous les jours à quoi bon franchir les grands boulevards ? Pour relier son nid douillet des Carmes à son resto végétarien préféré, le hipster se contente largement d’un vélo. Problème : la machine s’abîme au contact des pavés. Solution : Monsieur Pignon Madame Guidon, le magasin de réparation de bicyclettes spécialisé dans le fixie ! Modèle de ville ou enfant, anti-vol, peinture, remise en état… tout y est.
Monsieur Pignon Madame Guidon – 32 rue des Lois
Pour le Septième Art : L’American Cosmograph (ex-Utopia, oui oui on met à jour les articles)
« Gé-nial ce film slovaque sous-titré coréen ! Tu l’as pas vu ? C’est vrai qu’il passait qu’une seule fois, mardi matin ».
À quoi bon aller voir le dernier Tarantino au Gaumont alors que l’American Cosmograph propose la même séance ? Et puis, les salles où on ne voit plus l’écran quand quelqu’un s’assoit devant vous c’est tout de même beaucoup plus chic.
American Cosmograph – 24 rue Montardy
Dis donc il y en a du monde © Smooth Photographie
Pour se faire tailler les cheveux et la barbe : Vin’s & Sharlene
C’est pas parce que c’est long que c’est pas entretenu, bien au contraire ! Cette barbe de 300 jours ressemblerait plus à celle de ce bon vieux Karl qu’à celle de notre Sébastien national sans un minimum de soin. Heureusement que notre ami hipster peut la laisser entre les mains de Vincent ! Et de l’autre côté du salon Sharlène maîtrise fort bien l’art du Tie & Dye. En plus pour ne pas trop dépayser notre hipster, la déco est vintage du sol au plafond.
Vin’s & Sharlene – 9 rue du Languedoc
Pour boire un verre de vin : le Dada – 27 rue Honoré Serres
Le Dada a fermé, nous laissant tristes et sans repères. On laisse quand même ce paragraphe par amour et nostalgie.
18h pour boire un Lillet pendant la conf’ de rédac de son webzine branchouille (non non, on ne parle pas de nous), à 20h pour se délecter de lasagnes au fenouil, à 21h pour palabrer avec un verre de vin bio, à 23h pour siroter un old fashion en jouant au billard, toute la nuit pour danser. Le DAdA comble le hipster à toute heure. Il adore ce fouillis d’objets vintage, les trophées animaliers qui s’échappent des murs, la vaisselle dépareillée, les fauteuils Louis XV, le mobilier de jardin en fer forgé du patio… Le Dada c’est la maison : on peut y dîner, y jouer, y inviter ses amis. On peut s’y enivrer et danser sur les DJsets les plus surprenants. Parfois ça swing, d’autres fois la musique est surréelle. La programmation improbable est un paradis pour les intolérants au mainstream.
Le DAdA – 27 rue Honoré Serres
Bon d’accord, on a quelques affinités avec le Dada © Samy Chafa
Pour se sustanter : L’Alimentation
Le supermarché et les bars c’est tellement mainstream ! Le hipster a besoin de brouiller les pistes, qu’on ne comprenne pas au premier regard de quoi il s’agit. Entre épicerie, restaurant et bar à vin, L’Alimentation est une cave à boire et à manger. Tout ce qui est à consommer est aussi à vendre. Notre amateur de chemises de bûcheron peut acheter en partant la bière produite à Brooklyn qu’il vient de déguster sur un vieux tonneau de vin. La classe ! Il peut aussi participer à des ateliers culinaires avec des vrais chefs et tout.
L’Alimentation – 3 rue Maurice Fonvieille
Pour se meubler : Matière Grise
Une chaise de créateur à 500€ ? Matière Grise. Un téléphone vintage doré ? Matière Grise. Un Polaroid ? Matière Grise. Un tire-bouchon stylisé ? Matière Grise. Un fatboy ? Matière Grise. Une petite lampe ? Matière Grise. Vous l’aurez compris, Matière Grise c’est un peu le Midica (Ikea pour les banlieusards) du hipster. Tout y est pour changer ce vieil appart’ toulousain en loft new-yorkais. Et tant pis si ce tabouret en aluminium bleu électrique du meilleur goût coûte deux mois de loyer, c’est design !
Matière Grise – 1 rue Baronie
Sympa ce téléphone imitation vintage © Smooth Photographie
Pour se faire tatouer : Mahell à La Cour des Miracles
Vous avez déjà vu un hipster sans tatouage vous ? Oui ? Mais c’était l’hiver et il était couvert de la tête aux pieds alors ! Le hipster est inked comme le précise son profil Tinder et suit les pointures du tattoo japonais sur Instagram. Il a de l’encre plein les bras et ça ne veut pas forcément dire quoi que ce soit. C’est joli et ça suffit. Son premier était probablement un triangle tout simple, pour la pureté des formes (parfois je les dessine encore, elle fait paaaar-tiiiiie de moi-ahaha). Mais maintenant on passe aux choses sérieuses et on prend rendez-vous avec Mahell de La Cour des Miracles. Les huit membres du salon sont de grands artistes mais Mahell a ce quelque chose en plus, ce style graphique presque nordique qui donne l’impression à notre hipster de rentrer de Reykjavik.
La Cour des Miracles – 3 rue Idrac
Pour écrire : La Mucca
Bien sûr que le hipster fait des listes sur son smartphone et ne se fie qu’à son Google Agenda; vous le prenez pour qui ? Mais il adore préférer le papier. Il achète des dizaines de cahiers faits main à La Mucca : pour les offrir surtout (en plus il y a de jolis papillons sur les papiers cadeaux), pour les garder dans un coin un peu et pour y raconter ses escapades à l’occasion. Il achète aussi du joli papier carré – même s’il préfère celui de Mille et Un Papiers importé du monde entier – parce que les origamis ça l’apaise, c’est fou. Il accumule les guirlandes de cocottes, les bijoux en cocottes, les boîtes remplies de cocottes. En parlant de boîtes et de guirlandes, à La Mucca il y a aussi des tas d’objets mignons et décalés, fleuris, des milliers de cartes postales et même des lampes solaires. En plus bonne nouvelle : La Mucca s’agrandit ! Après la boutique d’affiches, un troisième shop vient d’ouvrir rue Pargaminières.
La Mucca – 23 rue des Lois
Des cahiers des cahiers, encore des cahiers © Smooth Photographie
Pour boire le thé : Bapz
Il est 17h, le hipster vient de passer l’après-midi à faire du shopping rue Cujas et commence à fatiguer. Ca tombe bien : il n’a qu’à remonter un peu la rue de la Bourse pour tomber sur le temple du tea time à l’anglaise : Le Bapz. Scones, cheesecake, carrot cake… de délicieuses pâtisseries maison sont servies dans des assiettes en porcelaine du meilleur goût. Notre hipster se sent comme chez sa grand-mère bourgeoise, celle qui habite dans le Lot. C’est le cocon de douceur de sa journée overbookée. Vous vous rendez pas compte, c’est dur de courir toujours entre une expo à Lieu Commun et un Afterwork aux Carmes !
Bapz – 13 rue de la Bourse
Pour écouter de la musique : Le Laboratoire
Le CD c’est so nineties et le son est mauvais, beaucoup trop compressé. En plus le hipster n’a pas de voiture alors ce format c’est vraiment n’importe quoi ! Bon ok il y a aussi le mp3, ah c’est sûr c’est plus pratique pour mettre sur un iPod. Mais le mieux, le top du top, c’est quand même le vinyle. Ce son chaud… C’est encore mieux quand ça grésille un peu tu vois, ça donne de la texture. Et pas question de se fournir sur internet ou à la Fnac ! C’est important le contact humain, alors en sortant du Bapz le hipster passe chez son disquaire préféré : Le Laboratoire. C’est le spécialiste toulousain de l’indie rock – comprendre ces groupes qui ont moins de 1000 vues sur YouTube et seront connus dans deux ans. Le hipster les aura déjà oubliés, il a aimé leur premier album before it was cool.
Le Laboratoire – 9 rue de la Bourse
Le temple des collectionneurs © Smooth Photographie
Pour boire un cocktail : L’Heure du Singe
Le comble du hipsterisme : citer un endroit qui n’a même pas encore ouvert ses portes. Mais le hipster n’a pas besoin de tester, il sait. On est sympa alors on vous le dit : L’heure du Singe est le nouveau bar in de la ville rose ! L’inauguration est le 6 février mais notre ami à lunettes rondes adore déjà. Oubliez la Kro et les playlists toutes prêtes. Le concept : des cocktails de qualité à base de produits frais et des DJs en chair et en os pour s’ambiancer. The place to be. Vous nous remercierez plus tard !
L’Heure du Singe – 59 rue Riquet
*Nous tenons à préciser que le concept et les habitudes du hipster sont mixtes. Le hipster est à comprendre comme le hipster et la hipster, le hipster imberbe et la hipster barbue, les deux à la fois, ni l’un.e ni l’autre, un peu de chaque, etc.